Journal de bord du touriste

A l’occasion de mes 30 ans, mes proches ont eu l’excellente idée de m’envoyer nager avec le grand requin blanc. Un grand merci à eux pour m’avoir aider à realiser un rêve que je trainais depuis 6 ans. Presque deux ans plus tard le rêve se concretise enfin.


Premier jour

Ayant embarque la veille, et passé la nuit au port, on se fait reveiller par le bruit du moteur au petit matin. Ou presque. On avait été prévenu que le temps s’annonçait pas terrible et que du coup le départ, habituellement plannifié a 04h30, serait plutôt vers les 08h00. Cela n’a pas trop entamé l’enthousiasme général pour autant. Mais c’était avant d’expérimenter les vagues.

A vrai dire on s’est plus levé a cause des vagues que du bruit du moteur. Sans surprise, je me lève en dernier, et prends un unique toast en guise de déjeuner. Le bateau n’étant pas énorme je me demande quand meme ou sont passé tous les autres passagers. N’étant habituellement pas trop sensible au mal de mer, celui-ci se fait quand meme assez vite sentir. Et c’est en sortant prendre l’air que je découvres le reste des passagers, accrochés tant bien que mal à un morceau de bateau. Tous plus livides les uns que les autres.

Notre escale pour nager avec les phoques est annulée pour cause de mauvais temps. Et il ne nous reste plus qu’a s’accrocher a un morceau de bateau, et serrer les dents pour pas vomir, en attendant d’arriver vers les requins.

Une fois sur place, aux alentours de 12h00, force est de constater que le temps ne s’est pas amelioré. On apprend qu’on devra se contenter de regarder les requins depuis le bateau pour aujourd’hui. Et que la météo devrait être meilleure demain.

Chris, notre Mr Requin pour ces trois jours, sort un thon d’une caisse qu’il découpe en tranche et attache au bout d’une corde. Et il utilise cet appât un peu facile pour attirer un requin. Celui-ci ne se fait pas attendre et on peut admirer la bête (Kiwi, 3.8 mètres) tourner autour de la tranche de thon. Le temps de quelques cris d’excitations et d’emerveillements et il commence à pleuvoir. On a vite fait de rentrer a l’interieur où nous attend des spaghetti bolognese.

L’après-midi passe relativement vite et apres une tentative, sans succès, de trouver une zone plus calme, on se dirige vers une baie pour y souper et passer la nuit.

Cette première journée était une véritable épreuve pour ne pas vomir. Et l’apercu du requin était un excellent apéritif, mais je crois que tout le monde était un peu déçu de ne pas avoir mis les pieds dans l’eau.

Deuxième jour

J’avais prévu de ne pas me lever avant d’être sur que qqch se passe. J’ai finalement craqué et suis arrivé en fin de déjeuner, pour ne pas changer. Cette fois, on nous annonce assez vite qu’il n’y aurait pas de plongée pour la journée. Et que, pour se passer le temps, on retournerait vers les phoques, dans l’espoir que l’on puisse nager avec eux, ou au pire les voir depuis le bateau.

Il me semble que c’est un fait établit et bien connu que les grands blancs se nourrissent de phoques et, par extension et mégarde, d’un occasionnel humain qui traine dans le coin. Sous ces conditions, quoi de plus naturel lors d’une expédition pour voir l’un des plus dangereux des requins que d’aller nager, en petite tenue, aux milieux des phoques ?

Nous avons donc conclut la matinée par un tour en zodiac dans la baie ou se prelassent les phoques. De retour sur le bateau, et apres un repas lèger, nous avons enfilé nos combinaisons (avec le plus grand mal) et sommes retourne dans la baie pour ce qui est notre première mise a l’eau.

Les phoques, curieux, sont venu nous examiner de plus près et jouer avec nous. J’ai malheureusement très mal filmé la chose et il n’en reste quasiment rien. Mais cela valait la peine de les voir dans leur habitat naturel. Même si, étrangement, Luna et moi avons partage la même impression: “ah, c’est comme au zoo”.

Ce jour là, aucun signe de requin. Tant mieux, ou tant pis ?

Troisième jour

Notre dernier jour, et notre denière chance de voir quelque chose. On nous avait annoncé des conditions favorables, mais au vu des jours précedants je ne savais pas si c’était du lard, du cochon ou du requin. Dans le doute je me suis levé pour déjeuner et bien m’en a pris.

Peu après le déjeuner un requin nous a fait une visite de courtoisie. Il faut dire que Chris était déja affairé depuis un bon moment à tremper sa tranche de thon, tout en préparant la cage de surface. Depuis là, le rythme s’accèlere. Les plongeurs de surface doivent déjà se préparer. Et Luna m’entraine donc avec elle pour enfiler nos combinaisons froides et humides. Ce que nous faisons avec un enthousiasme surprenant.

En moins de deux, on se retrouve sur le pont pour entrer dans la cage. Trois personnes y sont déjà et je comprend vite que j’ai été un peu trop enthousiaste puisqu’il n y a de la place que pour Luna. En même temps, la temperature étant ce qu’elle est, je préfère m’économiser pour la cage de fond.

Je suis d’autant plus content de ne pas être dans la cage, puisque je suis déjà prêt et serai donc sur la première plongée de fond avec Chris. Et surtout le retour du requin se fait attendre. Tant et si bien que trois personnes cèdent face aux conditions difficile (froid et secoué dans tous les sens par les vagues) et sortent avant de voir le requin. Et pourtant, a l’instant pil ou la troisième personne sort, le requin fait une entrée remarquée en s’attaquant au morceau de thon. J’aurais vraiment pas voulu être a la place du type qui vient de sortir. Au moins, son pote a dû avoir un excellent spectacle.

Quoi qu’il en soit, cela arrange bien mes affaires puisque, c’est gentiment à notre tour de passer a l’eau, mais cette fois dans une cage qui descend à ~20m de profond (la seule au monde pour voir les requins !). Cela s’annonce donc bien plus calme qu’en surface. Et j’embarques donc avec Chris, Jake, Cody et une caisse pleine d’entrailles de thon. Miam.

A peine la cage descend-elle qu’une myriade de poissons nous entoure. C’est en soit un spectacle qui vaut le détour, mais le temps passe et, à nouveau, le requin se fait désirer. Tous autant que nous sommes nous tournons la tête dans tous les sens pour essayer d’entrevoir qqch a travers le rideau de poisson. Et soudain, il choisit d’apparaître devant nous.

Il se pavanne majestueusement sous nos yeux, feintant le desinterêt complet pour nous ou les poissons. Il tourne en rond devant et autour de nous. Et je filmes le tout jusqu’à que je réalise que ma GoPro a planté et que je ne peux rien filmer du tout, ni prendre de photo. Entre frustration, excitation et émerveillement j’essaie de profiter un maximum du spectacle exceptionnel qui s’offre à moi.

Le fait d’être au fond de l’ocean et non en surface, nous permet de bien mieux observer l’animal. En particulier ses déplacements tout en douceur. Et de le voir sous plusieurs angles différents. De coté bien sur, mais également de dessous, en sillhouette à coté de notre propre bateau et aussi de dessus, lorsqu’on remonte a la surface (pendant le palier des 5 mètres).

Quand finalement je sors de la cage, frigorifié mais à contre-coeur, je retrouve Luna qui a bien du mal a faire semblant qu’elle va pas vomir. Je bredouille mon excitation en retirant ma combinaison, pendant qu’elle serre les dents en essayant de faire passer cela pour un sourire. Puis je m’empresse de demander quand sera la prochaine plongée.

Le temps d’un repas et thé chaud et il est déjà quasiment l’heure d’y retourner. Je prends quand même le temps de m’assurer que Luna survivra pendant mon absence. Mais la situation est mitigée. Il faut dire qu’elle pas eu de chance avec la cage de surface en matinée et que les patchs anti-mal-de-mer ont été épuisés depuis longtemps. Je la quitte donc au fond du lit.

Le temps du repas m’a permis de changer la batterie de ma GoPro et de formatter la carte SD. Je repars donc avec l’espoir d’en ramener quelque chose cette fois.

Le déroulement est identique à la premiere plongée, si ce n’est que nous avons droit à pas moins de cinq requins cette fois, dont Scarface, 4.5 mètres et Cut-tail. L’émerveillement est évidemment toujours a son paroxysme. D’autant plus que je peux effectivement filmer quelque chose cette fois.

Le moment fort de cette plongée est certainement quand Chris ouvre la porte et sort un peu pour prendre une photo avec son énorme appareil. Le requin qui passe par là prend un virage soudain et se dirige droit dans la porte, et donc Chris. Il s’empresse évidemment de fermer la porte. Ce qui me permet d’avoir un bon gros plan sur le sourire de la bête quand il frole la cage.

Le requin était plutot lent dans ses mouvements et je pense que cela tenait bien plus de la curiosité que d’une attaque en règle. Mais cela n’en reste pas moins impressionnant. Et que même si l’ambience est incroyablement zen, diamétralement opposée à l’imaginaire populaire, cela n’en reste pas moins un animal sauvage. Et une morsure, même pour rigoler, peut se révélée fatale.

Je termine cette plongée avec des requins plein les yeux (et la carte SD). Et c’est en arrivant sur le bateau que j’ai la plus grande surprise de tout le voyage. Luna est bien emballée dans sa combinaison, prête pour plonger au fond. Je dois probablement être deux fois plus excité de la voir plonger qu’elle-même.

Je regarde Luna s’enfoncer dans l’eau et, après m’être bien assuré que c’était la dernière plongée pour moi, je me change définitivement et attend fébrilement le retour de Luna. Une grosse demi-heure plus tard, elle revient saine et saufe (ce dont je n’avais jamais douté). Et c’est l’avalanche de mots, si typique des après-plongées.

La journée touche malheureusement à sa fin. Le bateau met gentiment le cap sur le port, où nous passerons notre dernière nuit, pendant que tout le monde partagent repas, impressions, photos et videos.

Conclusion

Malgré des conditions exécrables, les pires de toute leur carrière selon l’équipage, nous avons vu ce que nous voulions voir. Malheureusement, j’ai pu plonger que 2 fois, et Luna 1 fois, contre 6 fois habituellement. Mais même si j’aurais clairement voulu plonger plus souvent, je suis extrêmement satisfait du voyage. Sans compter que Rodney Fox nous offre notre prochain voyage a moitié prix (ce qui est quand même très tentant).

C’est la troisième fois en Australie que je vois quelque chose qui reste litéralement imprimé sur mes rétines, le revoyant en surimpression après que ce soit finit (les deux premiers étant une fille et les baleines de Minke). C’est sans aucun doute un très bon signe :D

10 thoughts on “Journal de bord du touriste

    1. KiKi Post author

      En effet, le moitié prix est extremement tentant… on pourait combiner cela avec la grande barrière de corails vu que c’est sur le chemin ;-)

  1. jacqueline

    ouahhh, c’est super bien raconté et détaillé, je suis toute contente que c’est à deux que vous avez fait cette expérience exceptionnelle.
    Les mots sont des fenêtres, où l’esprit d’ouverture peut s’infiltrer. Merci pour ce partage.
    Bravo et grosses bises. Ja

    1. KiKi Post author

      C’est quand tu veux pour le prochain récit. Nous acceptons les subventions :P

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